"Sauve qui peut" est l'expression qui m'est venue en voyant comme beaucoup de téléspectateur les petites villes et villages entiers inondées du département de Seine et Marne. Cette expression sert à décrire la foule qui battrait en retraite, de manière désordonnée.
Des limites et des injustices
C'est de mon point de vue exactement ce qui est en train de se passer à l'échelle du territoire hexagonal avec ses limites et ses injustices.
Face aux inondations, de quoi parle-t-on ?
Du besoin à court terme de rendre sa maison de nouveau habitable. A moyen terme, nombre de personnes vont vouloir vendre. Mais à qui ? Qui va vouloir acheter des biens inondés et susceptibles de l'être de nouveau rapidement ? Des personnes mal informées ?
Un propriétaire indiquait : "nous avons acheté notre maison en 2017 et elle est inondée chaque année depuis. C'est clair, on vend". Pas si sûr.
A voir
Chacun y va de sa stratégie
A la radio, j'entends une journaliste indiquer qu'auparavant (jadis...), les habitants avaient peur de l'eau et cherchaient à s'en éloigner. Dans le même temps, de nouvelles approches de l'aménagement urbain se développent pour faciliter l'écoulement de l'eau en ville qui, il est vrai, avait été mise sous terre, canalisée, masquée, avec les odeurs qui allaient avec, liées aux teintureries, aux égouts, etc. Le temps que ces travaux avancent, d'autres inondations vont avoir lieu, c'est malheureusement une certitude.
Pendant ce temps, chacun y va donc de sa stratégie individuelle et les territoires commencent doucement à se déstructurer, à se remodeler aussi, de nouveaux exodes sont en route.
Ainsi, dans le Boulonnais, des entreprises inondées l'hiver dernier déménagent. Elles n'attendent pas que les pouvoirs publics leur donnent des directives ou d'échanger avec les collectivités. Action-réaction ! Elles laissent alors leurs bâtis non utilisés sur place, à la merci de l'eau, en voie de dégradation, en finançant simplement la surveillance du bien, le temps que... ? On ne sait pas.
Alors quoi faire ?
Ce qui se passe remet au centre le sens, la pertinence de détenir des biens fonciers dans certaines secteurs. 1,3 millions de logements sont par exemple concernés par le risque de submersion marine. Il va falloir que les propriétaires réfléchissent vraiment à deux fois avant d'acquérir un bien. Pour beaucoup de Français, il n'apportera plus la sécurité patrimoniale et financière bien connue et tant désirée.
Par ailleurs, de nouvelles formes d'accompagnement des individus surgissent en lien avec notre relation aux objets. Les situations d'urgence et les inondations les mettent à mal car en cas de sinistre, les pertes sont nombreuses et affectent l'intimité des particuliers. Est-ce un hasard si des accompagnatrices-youtubeuses sont devenues célèbres en prônant le "désencombrement" ? Non, je pense qu'elles mettent le doigt sur un point essentiel de ce à quoi l'époque nous amène en termes de prises de consciences.
Le syndrome de la savonnette !
Leurs actions consistent à faire le tri entre le nécessaire et le superflu. Cela me rappelle une anecdote lorsque j'étais allée chez un couple d'amis. Elle, était d'origine "Est-Allemande". Dans la salle de bain, il y avait 1 savon, 1 shampooing, 1 brosse à cheveux et les serviettes. Qui peut en dire autant aujourd'hui en France, au royaume des cosmétiques ? !
La relation à la matière et aux objets évolue. Après une phase de surconsommation, nous sommes invités à retrouver le sens de l'essentiel : les relations humaines, sans lesquelles nous ne sommes rien, de quoi se vêtir, se nourrir, se loger, se soigner. En fait, nous n'avons pas le choix. Pour les personnes qui vivent en zone inondable, une revisite complète du logement à l'aune du tri et des kits de survie semble désormais indispensable.
"Sauve qui peut"
Expression française qui sert généralement à décrire une dispersion désordonnée de la foule qui battrait en retraite. Sauve qui peut viendrait d’une ancienne expression du XVème siècle « qui se sauve celui qui peut » et de nos jours prendrait le sens de déroute ou de débandade.
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